Quel est l’effet du numérique sur le développement du Maroc ? CMAIS & JAIE
Mountacir Zian, Directeur Général de CMAIS, et Othmane Krari, Directeur Associé du cabinet, ont pris part à la 5ème édition des Journées Africaines de l’Intelligence Economique, organisée par le CAVIE, qui s’est tenue le 3 Août 2022 à Yaoundé au Cameroun. La 5ème édition des JAIE s’est tenue sous le thème « Numérique et Guerre de l’information en Afrique ». La présente analyse est tirée de l’intervention des experts CMAIS sur le sujet « Quel est l’effet du numérique sur le développement du Maroc ? ».
Durant les vingt dernières années, le Maroc a déployé d’importants efforts sur les infrastructures et les équipements. Les citoyens et entreprises sont connectés, comme le montre d’ailleurs le taux de pénétration internet dans le pays qui se situe à 93% au T3 2021 selon l’Agence nationale de réglementation des télécommunications. Mais le constat est parallèlement qu’il manque encore des contenus marocains pour le citoyen, des solutions adaptées pour l’entreprise, et un écosystème spécialisé pour le rayonnement à l’international. A ce titre, parvenir à l’inclusion numérique de tous est nécessaire. Il s’agit de rendre le numérique accessible à chacun et de transmettre les compétences, qui seront les moyens d’une véritable efficience, par la cohésion sociale et économique.
Les efforts déployés par l’Etat marocain pour renforcer l’inclusion numérique et l’impact de la numérisation sont nombreux mais perfectibles. Une étude mesurant le degré de maturité des services électroniques publics mise en ligne en 2020 par le ministère de la réforme de l’administration et de la fonction publique a permis de calculer le score de maturité électronique (e-readiness) des services offerts par les institutions étudiées. Ainsi seulement 37% des services offerts aux citoyens sont jugés électroniquement matures contre 53% des services offerts aux professionnels. Ainsi, malgré les projets déployés, d’importantes lacunes dans la satisfaction du service rendu par applicatif numérique existent, en particulier à destination du citoyen. Ces lacunes empêchent le citoyen de ressentir l’impact du numérique sur la satisfaction de ses besoins, et ne permettent pas de profiter pleinement de l’élan de développement que devrait insuffler le numérique.
Dans le secteur privé marocain, la finance et de la banque ont été parmi les premiers à être directement concernés par la transformation digitale dans leurs processus. En tant que financeur de l’économie, ces acteurs sont incontournables dans le processus de développement du royaume. Si les banques ont réussi assez largement la transformation de leurs métiers à travers le numérique, l’essentiel des procédures nécessite toujours un déplacement physique des clients. Le secteur bancaire n’a ainsi pas pu se saisir pleinement du potentiel du digital pour toucher davantage de clients non bancarisés, pour les inclure dans le système bancaire et lutter contre l’informel. En 2020, plus de 25 millions de Marocains étaient équipés d’un smartphone alors que le nombre de personnes résidentes ayant au moins un compte bancaire actif rapporté à la population adulte résidente, s’est établi à 53% à fin 2021. Le Mobile banking représente ainsi un levier d’inclusion et de développement essentiel pour le Maroc.
Afin de réussir à capitaliser sur le numérique pour stimuler les efforts de développement, le Maroc doit placer le citoyen au cœur de ses initiatives, dans une approche « citizen-centric » adoptant les standards « user-centric » des grandes entreprises technologiques. Il est également essentiel de s’appuyer sur des compétences et des cabinets locaux dans la mise en place de plateformes digitales de sorte à mieux cerner les besoins des acteurs locaux et des citoyens.