L’Intelligence économique, que vaut réellement ce créneau ?
L’intelligence économique ou stratégique, domaine prisé par les cabinets de conseil et les Think-Tank, est devenue un outil incontournable au service de la compétitivité. Il s’agit alors de chercher l’information, la décrypter et la rendre utilisable, afin de permettre aux entreprises de prendre les meilleures décisions et d’exploiter les opportunités qui leur sont offertes. Souvent assimilée à de l’espionnage ou du renseignement, mais aussi comparée aux techniques du journalisme d’investigation, qu’en est-il réellement ? Où en est aujourd’hui le Maroc et quels sont les outils qui permettront au Royaume de se positionner dans le domaine ? MAROC DIPLOMATIQUE a rencontré experts et consultants pour tenter de comprendre les dessous d’un domaine encore ambigu pour beaucoup.
Une méthodologie et un procédé spécifiques
Certains, la comparent, à tort, à une revue de presse. Mais il s’agirait en réalité d’un tas d’outils devant être mis en place pour parvenir à un dispositif efficient de veille économique, explique Othmane Krari, Directeur Associé de la Compagnie méditerranéenne d’analyse et d’intelligence stratégique (CMAIS). Selon lui, la méthodologie doit être couplée à l’expertise et à l’expérience, mais aussi à la bonne gestion de l’infobésité et des ‘fake-news’. «Il faut éviter de tomber dans le piège de l’information inexploitable pour le client. Il faut procéder à la mise en place de tout un dispositif : l’identification des sources, leur analyse, les qualifier, les recouper et les traiter pour produire la valeur ajoutée. Il faut ensuite supprimer les informations parasites qui rendent le processus de collecte d’information inefficient». En quelques mots, il s’agit de rendre l’information intelligente.
Bonnes vs mauvaises pratiques
Une entreprise peut également faire le choix d’internaliser le processus. C’est-à-dire se doter, elle-même, d’un département ou de profils compétents au lieu de recourir à un cabinet. Dans ce cas, la collecte d’informations se fait, mais les outils de gestion de la connaissance qui vont permettre de distribuer cette information aux bonnes personnes peut dans certains cas être absente, explique Krari. Il est essentiel alors de mettre au même niveau les compétences. «Dans certaines structures, la communication ne passe pas, un département commercial n’est pas au courant de ce qui se fait au département juridique, il va tomber dans une pratique illégale ou illicite, car la réglementation a changé et il n’en a pas été informé».
L’IE, du journalisme ou du renseignement déguisé ?
Si c’est souvent le concept d’IE que l’on entend, celui-ci englobe, en réalité, d’autres outils. L’IE peut comprendre de la veille réglementaire, concurrentielle, de marché, technologique… par exemple, «on va chercher à savoir lorsqu’une réglementation de l’Union africaine va sortir pour permettre aux entreprises d’être à jour et d’anticiper», explique le directeur associé du CMAIS. D’ailleurs, la Compagnie pratique aussi ce que l’on appelle l’E-réputation et la Due Diligence. Cette dernière vise à s’assurer de l’intégrité d’un prestataire, ou d’une partie prenante (partenaire, entité, fournisseur). Ainsi, les recherches et les investigations permettront de s’assurer de sa moralité, de ses antécédents judiciaires, à travers des sources telles qu’Interpol ou les listes de paradis fiscaux par exemple, nous explique Othmane Krari.
Source : Article paru sur Maroc Diplomatique