Podemos et le financement iranien : exemple de l’analyse par les échiquiers
Début de l’année 2016, une information annonçant que le parti politique PODEMOS et son Secrétaire Général, Pablo Iglesias auraient reçu la somme de 5 millions d’euros de la part de l’Iran et du Venezuela, est apparue sur le site web d’information espagnol El Confidencial (www.elconfidencial.com/) et le quotidien espagnol ABC (abc.es).
Selon les informations publiées par ces médias et reprises par la presse internationale, le patron de PODEMOS aurait financé le parti avec de l’argent iranien et vénézuélien via des montages financiers dont un programme de télévision diffusé sur HispanTV. Une enquête de la brigade judiciaire et de la police financière espagnole est en cours. Selon El Confidencial, la DEA américaine enquête également de son côté car selon certaines informations, HispanTV aurait servi à blanchir l’argent de la drogue bolivienne.
Qu’est-ce qu’HispanTV ?
HispanTV est une chaine de télévision iranienne qui a été lancée à la fin de l’année 2011. Elle émet en Europe où elle dispose d’un bureau à Madrid, en Amérique Latine et aux Etats-Unis. La chaine de télévision est financée par le régime iranien et elle diffuse depuis Téhéran. Sur le site officiel de la chaine, HispanTV se présente comme étant un pont entre l’Iran et les hispanophones. Sa mission : « Promouvoir le rapprochement entre les iraniens et les hispanophones en Europe et dans le monde. » Elle a également pour objectif de « créer des liens entre les peuples d’Amérique latine. »
Juste après les élections législatives de décembre…
Cette information apparait quelques semaines après les élections législatives espagnoles qui ont eu lieu le 20 décembre 2015 et qui ont permis au parti de la gauche radicale PODEMOS de remporter 69 sièges sur 350 au parlement. Le parti a récolté près de 20,68% des suffrages. Il se place en troisième position après le Parti Socialiste espagnol (PSOE) avec 20,8% des suffrages exprimés et le Partido Popular (PP), de droite, qui arrive en tête avec un score de 33,4% des voix. Cette situation met à mal le parti au gouvernement (le PP) qui est contraint de former une coalition avec les centristes d’Albert Rivera (Parti de la Citoyenneté) ou encore avec le PSOE.
La formation de la coalition n’ayant pas pu se faire entre le PP et le Parti de la Citoyenneté, le Roi d’Espagne Felipe VI a donc chargé, le mardi 2 février, Pedro Sanchez, leader du PSOE, de former le nouveau gouvernement. Une des options qui se présente au leader du parti socialiste espagnol est de former une coalition avec le parti de gauche radicale PODEMOS.
Une information qui arrive au bon moment
Néanmoins, cette information qui a été reprise par la presse conservatrice telle que ABC, a conduit Rafael Hernando, le porte-parole du groupe parlementaire du PP, à demander des explications à PODEMOS concernant cette affaire de même que le leader centriste Albert Rivera.
Cette information et les actions entreprises par les adversaires politiques de la gauche sont un très bon cas d’école pour traiter et analyser les impacts de l’information sur la scène politique. En effet, nous pouvons constater des impacts sur le plan politique et social.
Sur le plan politique, cette information conduit au blocage de la coalition du PSOE avec PODEMOS. En effet, si cette information est avérée, le PSOE ne serait plus en mesure de former la coalition avec le parti de Pablo Iglesias. Cela ferait donc les affaires du PP qui se verrait récupérer la tâche de former le gouvernement avec les centristes d’Albert Rivera.
Le deuxième impact sur le plan social est le discrédit de PODEMOS et de son jeune leader auprès de la population. En effet, le parti de Pablo Igelsias se positionnait comme une alternative aux partis politiques traditionnels et à la corruption. Le fait que PODEMOS ait pu se financer à travers des montages financiers avec l’argent provenant de dictatures porte un coup dur à la formation et à son leader.
Pour conclure, l’information reste bel et bien une arme qui, si elle est bien exploitée apporte une force et un avantage à celui qui l’a détient.