Comment la guerre de l’information se manifeste dans le royaume ? CMAIS & JAIE
Mountacir Zian, Directeur Général de CMAIS, et Othmane Krari, Directeur Associé du cabinet, ont pris part à la 5ème édition des Journées Africaines de l’Intelligence Economique, organisée par le CAVIE, qui s’est tenue le 3 Août 2022 à Yaoundé au Cameroun. La 5ème édition des JAIE s’est tenue sous le thème « Numérique et Guerre de l’information en Afrique ». La présente analyse est tirée de l’intervention des experts CMAIS sur le sujet « Comment la guerre de l’information se manifeste dans le royaume ?».
La guerre de l’information a de tout temps existé. Elle s’est accrue avec la démocratisation d’internet au cours de ces 20 dernières années. Tout d’abord cantonnée à la vie publique, la guerre de l’information s’est propagée vers un nouveau champ de bataille, les données relatives à la vie privée. Les attaques à l’encontre d’ennemis extérieurs ou envers un adversaire politique ou économique se faisaient par voie de presse interposée. Les chaines d’information en continu ont participé à cette guerre de l’information. Puis la pénétration de l’internet et la généralisation de l’usage des réseaux sociaux ont ouvert le champ à de nouveaux acteurs de la guerre de l’information mais aussi à de nouvelles cibles, les internautes.
L’accélération de la numérisation des services et la hausse du taux de pénétration de l’internet chez les ménages et les individus rendent les données personnelles de plus en plus exposées à des attaques malveillantes. La pandémie a été un catalyseur de l’accélération de l’usage des réseaux internet par les Marocains. Tous les indicateurs sont en hausse. En 2020, 64% des Marocains disposaient d’un PC ou d’une tablette connectés (+4 points par rapport à 2019). 25,7 millions de personnes sont équipées d’un smartphone. En 2020, le nombre d’internautes a augmenté de 3.5 millions en plus que 2019. 98% des internautes marocains, soit quasi l’intégralité, utilisent les réseaux sociaux.
Les internautes achètent davantage en ligne. Ils sont plus présents sur les réseaux sociaux. Le télétravail a conduit à une digitalisation des process de travail. L’ensemble de ces dynamiques conduisent à un échange de données bancaires, à la publication de données personnelles et au transfert de documents professionnels.
Notons que des initiatives visant à protéger les données personnelles ont été mises en place. Des mécanismes de protection des systèmes d’information existent. Mais cela ne semble pas suffisant face à l’ingénierie sociale dont font usage les cybercriminels. De même, aucune doctrine ni réflexion nationale publique n’a été menée sur la guerre de l’information.
Une des solutions consiste à établir un état des lieux de nos capacités de protection face à la guerre de l’information, ainsi que de nos faiblesses structurantes en matière de protection de l’information (corruption, déficit de contrôle). De même, il est impératif pour chaque institution de maintenir une veille cyber-sécuritaire pour se tenir informée des nouvelles menaces, des solutions de protection et enfin accroitre ses capacités d’anticipation. Enfin, la sensibilisation face à cette menace hybride doit être maintenue en impliquant les acteurs du secteur public et les acteurs privés (cabinet de conseil, sociétés de sécurité informatique, experts en protection de l’information). La synergie entre ces deux acteurs est la seule permettant de répondre à des impératifs de sécurité tout en y intégrant l’efficacité du secteur privé.